Entre les murs ornés de mosaïques colorées de Ravenne, en Italie, on raconte l’histoire de Lucia, une ballerine qui, suite à un triste accident, voit s’envoler ses rêves de danser autour du monde. Touché par le sort de la danseuse, Giorgio, l’allumeur de réverbère, érige une structure unique lui offrant la chance de danser à nouveau. C’est grâce à l’aide des habitants du village que, dressée au sommet de sa boîte à musique, pieds pointés, Lucia tournoie gracieusement, attirant les regards des passants par la lumière de son art.
Elle transforme ainsi en mille instants magiques le récit de ses aventures à qui veut bien s’arrêter.
À travers les pôles culturels et artistiques du monde, des œuvres éblouissantes sont réalisées à tout instant, tantôt interactives, tantôt traditionnelles. Entre dolce vita, lumière italienne et effervescence culturelle européenne, Gonzalo Soldi de mirari et Anne Lagacé se sont permis de rêver à la conception d’une œuvre où les contours du multimédia sont redéfinis grâce au pouvoir du récit.
Quatre ans et demi. C’est ce qu’il aura fallu aux idéateurs de Lucia pour rassembler concepteurs, artisans et partenaires autour de la mise en œuvre de cette création originale.
Grâce au soutien de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et du ministère de la Culture et des Communications, cette création innovante va, pour la première fois, à la rencontre de son public québécois, illuminant les imaginaires de petits et grands à travers la province.
Lucia est plus qu’une installation artistique qui embellit les espaces publics. C’est une invitation à collaborer à l’oeuvre et à contribuer au récit. Une oeuvre dont l’essence même se base sur les relations qu’elle pourra créer, entre passants, artisans et créateurs.
Lucia est plus qu’une installation artistique qui embellit les espaces publics. C’est une invitation à collaborer à l’oeuvre et à contribuer au récit. Une oeuvre dont l’essence même se base sur les relations qu’elle pourra créer, entre passants, artisans et créateurs.
Cette interactivité se matérialise par les différentes composantes de l’oeuvre, qui doivent interagir pour créer un moment magique, à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Elle se voit amplifiée, même par les liens qu’elle façonne entre les spectateurs, entre les gens et le lieu, entre l’humain et l’oeuvre.
Au coeur du projet, une collaboration intrinsèque s’installe, accompagnée d’une écoute mutuelle de chaque artisan ayant apporté sa contribution. Chaque élément artistique est unique et vibre au diapason de ceux l’entourant, venant complémenter et enrichir l’oeuvre, proposant au final un résultat surpassant les attentes des idéateurs, Anne Lagacé et Gonzalo Soldi.
Innovante, unique, magique. La série de contes In Bocca al Lupo, dans lesquels s’inscrit Lucia, se veut une invitation universelle à découvrir un monde créatif foisonnant où il est permis de rêver et, ultimement, d’enrichir le quotidien des personnes qui croisent son chemin.
Ici, plusieurs méticuleux détails et heureux hasards parsèment le chemin vers la réalisation finale du projet.
Le décor illustré dans le film d’animation est à l’image de la place publique de Ravenne, en Italie.
À la suite d’une visite chez Reuge, le légendaire fabricant de boîtes à musique en Suisse, Anne Lagacé a été agréablement surprise de constater que les modèles classiques comportent habituellement trois courtes pièces musicales jouées en boucle. Sans le savoir, les idéateurs avaient également créé leur boîte à musique géante avec trois pièces musicales!
Le choix de la palette de couleurs entre le bleu et le doré dictant l’univers de Lucia tire directement son inspiration de l’atmosphère ressentie et de la lumière éclairant la ville de Ravenne.
En plus des considérations esthétiques, conceptuelles et techniques, l’ensemble des composantes de l’oeuvre devaient aussi être adaptées aux réalités du transport local et international. Dans cette optique, les dimensions de la sculpture ont été étirées au maximum, naviguant au bord des contraintes de transport qui s’imposaient.
L’Orchestre symphonique de Montréal ne disposait que d’une seule fenêtre pour l’enregistrement des pièces. Si une situation avait obligé l’équipe à reporter l’enregistrement, il aurait fallu attendre deux ans!
La sculpture a été réalisée à Erdeven, en Bretagne, mais le sculpteur Yann Guillon est venu spécialement à Montréal pour l’assembler.
Pour Fanie Thuot, artiste et réalisatrice québécoise, c’est le côté novateur du projet sur le plan de l’interactivité qui l’a interpellée. L’oeuvre suscite les attentes, accueille avec bienveillance les spectateurs au sein d’une expérience artistique immersive audacieuse et repousse les frontières de l’art interactif. Le défi de ce projet, le premier de Fanie en tant que réalisatrice solo, résidait dans l’animation d’un récit de 1 min 15 s racontant l’histoire de Lucia et Giorgio, et ce, sans recourir aux sons ni aux mots.
C’était un travail considérable de condensation, de peaufinage d’esquisses (jusqu’à huit versions de la vedette principale avant de trouver la bonne!) et de collaboration entre la maison d’édition québécoise La Pastèque et Fanie Thuot pour finalement signer l’illustration et l’animation du court-métrage de Lucia. Un travail méticuleux qui a permis enfin de rencontrer les visages et l’atmosphère de ce récit enchanteur qui se déroule à Ravenne.
Lorsqu’elle a été approchée pour la première fois, Sophie Breton est interpellée par l’opportunité de participer à l’animation d’une ballerine pour un projet unique. Graduée de l’École de danse contemporaine de Montréal en 2008, elle agit à titre de consultante aux mouvements pour Lucia. Elle a relevé le défi de faire bouger une ballerine animée sans qu’elle ait l’air chorégraphiée, plutôt improvisée, sans toutefois paraître enfantine. Il y avait tout un jeu de subtilités dans les mouvements et la fluidité des déplacements de la ballerine, qu’elle a pu travailler en collaboration avec La Pastèque et Fanie Thuot, toujours sous l’oeil attentif des idéateurs du projet.
« Lucia est un peu l’enfant que nous avons tous à l’intérieur de nous et qui laisse libre cours à ses impulsions. » – Sophie Breton
Au final, elle souhaite que, par son côté poétique et enchanteur, Lucia apporte joie et chaleur à tous ceux qui choisiront de lui faire une place dans leur quotidien.
Pour concrétiser la vision de cette structure unique alliant ingéniosité, finesse et durabilité, il était essentiel de collaborer avec une équipe spécialisée dans la fabrication et la conception d'installations interactives dédiées aux espaces publics. Le choix est devenu une évidence dès le tout début du travail avec l'équipe de Jack World , une entreprise fondée en 2011 par trois frères de Saint- Jean-sur-Richelieu.
Prendre part à des initiatives novatrices, réaliser la vision des artistes et contribuer à faire évoluer les idées créatives : voilà ce qui a motivé l’enthousiasme des concepteurs chez Jack World à participer au projet.
« C’est un projet incroyable qui redéfinit beaucoup de standards au niveau des oeuvres interactives. »
– Michael Jacques
Chaque projet implique un défi, une innovation, une originalité. La vision de Jack World repose sur cette quête d’innovation et d’ingéniosité pour répondre aux défis singuliers que représente chaque nouveau projet.
Des plans de fabrication en passant par la commande des matériaux et jusqu’à l’assemblage de la structure, la boîte à musique a été réalisée avec le souci du détail et des besoins particuliers de l’oeuvre, et ce, à chacune des étapes du processus.
Un accompagnement rigoureux qui a permis de créer, de la meilleure façon possible, une structure durable dans le temps et résistante face aux transports, aux intempéries et aux manipulations du public, dans un résultat surpassant les attentes de toute l’équipe créative.
Tout de suite intéressé par la notion d’équilibre à reproduire dans la conception d’une sculpture « vivante », bien que statique, Yann Guillon s’est laissé charmer par l’idée d’un projet destiné à voyager aux quatre coins du globe. Sculpteur français établi à Erdeven, en Bretagne, il possède une formation classique aux Beaux-Arts de Paris et se spécialise depuis plus de 40 ans dans la création de sculptures représentant une fluidité de mouvement.
Pour Lucia, il réalise une sculpture de la ballerine en action, utilisant une résine de polyester et de fibre de verre, dont le fini a l’aspect du bronze afin de donner à la sculpture souplesse et sensualité. La technique innovante d’incorporation de poudres minérales assure une facture authentique. Il souhaitait notamment réussir à donner un aspect un peu brut à Lucia, tout en demeurant dans la finesse et la délicatesse, sans tomber dans le déjà-fait. Un beau défi de création réalisé entre la France et le Québec.
Compositeur montréalais de musique orchestrale et de trames sonores de jeux vidéo, Maxime Goulet est passé maître dans la création d’ambiances cohérentes avec des récits et possède une compréhension fine des spécificités techniques entourant des projets interactifs. Tout d’abord interpellé par l’aspect collaboratif du projet, il voit en Lucia une occasion rarissime de repenser la composition classique d’une pièce de musique et de bouleverser les codes traditionnels de la scène, en laissant le public devenir l’interprète de la musique.
En fait, ses trois compositions originales sont modulables selon quatre niveaux d’intensité. Du jamais vu, poussant le compositeur, la cheffe et les musiciens à revoir leur modus operandi et à ouvrir un espace de discussion afin de livrer une performance musicale inédite et unique. Au-delà du défi que représentait la création des niveaux d’intensité (passant d’une pièce jouée par un seul instrument à une version orchestrale, et vice versa), Maxime Goulet a également su faire de chaque variation une pièce musicale en soi. Une tâche titanesque, relevée avec brio, qui offre au public une expérience mémorable où son geste a un impact ressenti, et ce, peu importe l’intensité musicale qui accompagne le récit, en toute fluidité.
Dina Gilbert est une cheffe d’orchestre renommée originaire de la Beauce. Elle a dirigé de nombreux orchestres au Canada (comme l’Orchestre symphonique de Montréal ou l’Orchestre métropolitain, entre autres), aux États-Unis, en Colombie, en Espagne et en France; elle a également dirigé le Sinfonia Varsovia lors de concerts au Japon.
Dès les premières approches, un sentiment de fierté l’habite alors qu’elle réalise l’ampleur de la singularité de ce projet hautement créatif. Lucia est l’occasion rêvée d’adopter une nouvelle approche quant à l’interprétation, un changement qui implique une mise en commun des expertises et une redéfinition des standards de prestations musicales.
Pour elle, il s’agissait de rendre justice aux différentes variantes d’intensités au sein des compositions, mais également entre les versions, tout en gardant une certaine uniformité entre elles. Munie d’un « clic » lui permettant d’assurer la synchronicité entre les différents enregistrements, la cheffe a su diriger le jeu des musiciens afin de produire des pièces aux intensités différentes, mais toujours constantes. Une innovation intéressante pour laquelle elle remercie l’intuition de Maxime Goulet, toujours prêt à l’épauler durant ce processus d’enregistrement unique.
La musique accompagne le conte, élève la narration, transporte le public dans un univers où la magie se mêle au quotidien. Une manière de piquer la curiosité du public et de l’émouvoir, simplement par l’appel de la musique.
Ambassadeur culturel emblématique et chef de file du patrimoine musical québécois et canadien, l’Orchestre symphonique de Montréal est fondé en 1934 par Antonia Nantel, Wilfrid Pelletier et Athanase David.
L’enregistrement des trois compositions originales a été réalisé à la Maison symphonique de Montréal, l’une des dix meilleures maisons symphoniques à travers le monde. Le défi? Procéder à l’enregistrement de quatre versions des trois compositions en une seule séance fixe. Une véritable course contre la montre réalisée dans les règles de l’art!
Née d’un souhait de démocratiser l’art, l’oeuvre permet une symbiose unique entre le public et la musique, entre l’art et la ville. Elle suscite l’intérêt envers des pratiques artistiques et culturelles plus traditionnelles et tente de rendre la musique orchestrale plus accessible.
« En étant une oeuvre publique, on souhaite que ça pique la curiosité des gens et, qui sait, peut-être même aller changer des vies! »